Être religieux ou être spirituel, en pratique?

Oh la vache les barres de rire ! En chemin de la maison pour me rendre au shop de Rafik, je sors mon phone et vais jeter un œil à facebook, comme ça, par réflexe et je retombe sur le poste de l’ami Najib qui m’avait déjà pliée la veille. Mais cette fois, mon frérot Sidik y a mis un commentaire, juste des rires en onomatopées. Il ne m’en faut pas plus pour l’imaginer plié et me relancer moi-même, pwaaaahaha ce truc est trop con ! Ok, je vous montre à quel point c’est con (en fait, c’était une vidéo sur Facebook, alors je ne sais pas si vous y aurez accès, mais je tente le partage:

https://www.facebook.com/video.php?v=735950116475403&set=vb.102351939835227&type=2&theater

Mais c’est parti, crise de fou rire en pleine rue ! J’avance et remonte toute la rue en riant, les gens me croisent en se demandant ce que j’ai, c’est pire encore pour moi !

De Naya Bazar...
De Naya Bazar…
De Naya Bazar...
Remontant la rue de Naya Bazar en mode « haaahaha »…

J’arrive au croisement de rue où il faut traverser pour arriver dans Thamel et où un policier fait la circulation.  Je me tiens les côtes, j’en peux plus, je me mets sur le côté un instant, mes mains devant mon visage mais ça ne m’empêche pas de continuer à pouffer de rire comme une folle, toute seule en pleine rue, si bien que le policier vient me demander si tout va bien. Peux pas répondre, je bats de la main, alors il sourit et retourne à la circulation… Tous ces yeux qui me regardent, ça me fait juste rire plus encore !

Le croisement qui mène de Naya bazar au quartier touristique de Thamel... Naya Bazar étant en face et Thamel dans le dos.
Au croisement qui mène de Naya bazar au quartier touristique de Thamel… Naya Bazar étant en face et Thamel dans le dos.

Je traverse la rue en riant, j’entre dans Thamel en riant, je continue à avancer en riant, puis j’arrive à hauteur d’un groupe de gars que je reconnais de la veille, des vendeurs, qui passent la journée à attendre les clients, en buvant du thé ensemble. Ouf ! Quelqu’un avec qui communiquer ! Ils rient en me voyant arriver dans cet état hilare et je ris encore en m’arrêtant devant eux et m’autorise enfin des HA-HA-HA à gorge déployée ! Tout le monde se met à rire, c’est trop bon ! De là, je m’assois avec eux et je parviens à leur partager ce qui m’a fait rire à la base. « Aaah, ça fait du bien ! », « c’est bon pour la santé, de rire et c’est bon de partager ! »…

Jusqu'à Thamel, où j'ai pu rire à plein poumons avec les gars qui se tenaient là, un peu plus loin...
Jusqu’à Thamel, où j’ai pu rire à plein poumons avec les gars qui se tenaient là, un peu plus loin…

Les rires s’apaisent et je me mets à discuter plus avec un gars en particulier et du thème du rire, on va passer à toute une série de thèmes sur la vie et un très bel échange prend place. Si intéressant et profond que je suis décidée à revenir, une prochaine fois pour discutailler avec lui. Après les avoir quitté, dans les jours qui vont suivre, je vais repenser à lui et à cette envie de continuer la conversation… Ce que je vais faire, une fois libre de quelques obligations qui sont apparues, ces derniers jours.

On ne s’était même pas présentés la première fois, mais la seconde fois que je le croise, j’apprends qu’il s’appelle Krishna. Cette fois encore, je ne peux rester pour bavarder, mais je lui assure que je reviendrai ! Quelques jours plus tard, c’est la bonne…

Il a une boutique d’objets anciens et d’antiquités, de masques et statues en tous genre.

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On va se lancer dans un échange complètement nourrisseur, nourrissant, je ne sais pas comment dire, mais en tout cas qui fait écho à quelque chose de bon à l’intérieur… Ce genre de discussion qui ré-enchante ! Allez, c’est parti pour du parlé-spiritualité !

Il me raconte par exemple qu’il prie tous les jours, 3 fois par jour, qu’il s’accorde des moments pour se connecter et quoi qu’il se passe, aux heures qu’il a convenu avec lui-même et son engagement, quoi qu’il arrive, il arrête tout pour prier, pour se connecter. Il ne se dit pas religieux, il vit sa spiritualité, c’est différent. Il a un autel hindou, il va au temple, parce que c’est sa propre tradition, mais il puise dans les différentes sagesses spirituelles ce qui fait sens pour lui, le soutient, le nourri. Comme le fait de rechercher à se connecter à « la Source », à l’Energie Universelle, appelez-le/la comme vous voulez, à ce Grand Tout, tous les jours.

« Tu pourrais le faire en utilisant cette statue, ce n’est pas la statue qui est Dieu, c’est la concentration de ton attention sur Dieu, au travers de la statue qui compte. »

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Une image, une phrase, un mandala, une orientation spécifique, une statue, un symbole… ce qui compte, ce n’est pas l’objet, l’élément lui-même. Ce qui compte, c’est le processus, le mécanisme qui fait que des humains utilisent « quelque chose » pour focaliser leur attention et leur intention dans leur esprit, une émotion, un sentiment, un ressenti, une vibration intérieure, ce quelque chose plus élevé que dans le quotidien.

Pourquoi le font-ils ? D’après Krishna et le Swami, beaucoup le font par tradition, par principe ou par habitude, sans comprendre ce qu’ils font. Mais la réelle pratique consiste à appliquer dans son quotidien les sagesses et le « quelque chose » plus élevé vécu lors des moments de connexion via prières ou rituels.

A propos des symboles, des images, etc… Ils concentrent l’attention d’autant plus qu’ils sont considérés comme sacrés et que leur puissance peut s’exprimer au travers de la compréhension, de la connaissance que l’on a de leur signification. Par exemple, lors d’une visite ultérieure, Krishna m’invite à rester lors de l’une de ses pratiques, pour que je puisse entendre et peut-être m’imprégner de quelque chose de positif. Il prépare sa pratique en allumant de l’encens et en le disposant de la manière adéquate. Mais il me dit aussi que cet encens a été « chargé » en bonnes énergies par une femme, capable de le faire. Mais pour que cela fonctionne il y a des prescriptions, dans ce cas-ci, il doit ne pas consommer de poulet ou d’œufs. Et il me dit « c’est une affaire de croyance. Si j’y crois, cela fonctionne, si je n’y crois pas, rien ne va se passer ».

Il y a une chose que j’ai retenu d’un de mes cours, à l’unif, cours de mythologie: les « actes performatifs ». Ça arrive rarement, mais parfois, un concept qui a vraiment (enfin) du sens pour moi vient se percuter et résonner dans mon cerveau ! Et ici, ça prend tout son sens : créer, rien que par le faire…

Qu’est-ce qu’une pratique efficace ?

Krishna me dit qu’un jour, il a entendu et retenu des paroles venant d’un baba, ou un ascète, qui transmettait 4 points pour se nettoyer chaque jour :

Pour laver votre peau, il faut prendre une douche chaque jour,

Pour laver vos pensées, il faut méditer chaque jour. Mais ici, il spécifie : qu’est-ce que la méditation ? Il ne s’agit pas de rester en silence, assis, toute la journée. Ceci n’est qu’une forme de méditation. Par contre, il s’agit d’être attentif à ses pensées. Lorsque des pensées négatives émergent, à notre encontre ou à l’encontre de quelqu’un d’extérieur, il s’agit d’être capable de les distinguer, de les observer et de ne pas les laisser avoir une réelle emprise, de prendre un certain recul vis-à-vis de ces pensées et de ne pas entrer dans le jeu. Ces pensées négatives peuvent alors être déjouées, parce que reconnues, elles perdent de leur pouvoir, de leur réalité. On donne tellement de poids à nos pensées négatives ! On en fait notre réalité, on croit à nos plaintes, à nos dénigrements… Mais quand on parvient à les reconnaître, on peut les désamorcer. C’est une pratique de chaque instant !

Pour laver notre argent, ensuite, on en donne une partie. Il ne s’agit pas ici de donner de l’argent à des œuvres de charité pour « se nettoyer de nos fautes », ce n’est pas en donnant notre argent à des œuvres de charité ou à un pauvre dans la rue, avec une attitude de condescendance, que l’on va nettoyer quoi que ce soit ! Il s’agit ici de prendre conscience de tout autre chose : d’où vient l’argent ? Il vient d’œuvres sales, il circule dans des affaires de drogue, d’armements, de guerre, il est chargé d’envie et de cupidité. Vouloir à tout prix accumuler l’argent ne nous fait qu’accumuler toute la négativité qu’il transporte. Pour se nettoyer de cela, il nous faut ne pas nous y attacher. L’argent reviendra comme il est venu. Décider de se séparer d’une partie de l’argent que l’on possède, avec l’attitude de ne pas y être attaché (ce n’est que de l’argent !), nous permet de ne pas être possédés par cet argent. Et sans crainte de manquer parce que la foi que rien ne nous manque, même sans argent, nous permet d’expérimenter l’abondance. Krishna m’évoque ces riches maisons, grandes et belles, mais dont les habitants s’entredéchirent et vivent malheureux, toujours insatisfaits…

Et pour nettoyer notre vie, enfin, il nous faut aller vers nos dieux (notre Dieu), chaque jour. Quel(s) qu’il(s) soi(en)t, il s’agit d’accorder un moment à se reconnecter avec la force qui nous transcende, qui est là, plus grande que nous et pourtant, que l’on porte en nous. Que ces deux lieux plus grands que ce que nous expérimentons dans la vie courante, puissent entrer en « reliance » et que ce « plus grand » en nous soit ranimé. Car à plusieurs moments de notre journée, nous entrons en contact avec de la négativité, qu’elle vienne de l’extérieur à travers des individus à l’énergie lourde ou qu’elle vienne de nos propres pensées dénigrantes. Notre vie mérite alors d’être ranimée, à un niveau vibrant plus haut, pour que l’on se souvienne du « plus élevé » dont nous sommes capables.

Pour moi, la pratique d’observation des pensées est une des pratiques les plus essentielle et oui, c’est à chaque instant que ça se passe. Ça me permets de ne jamais rester attachée à une émotion douloureuse. Je ne la nie pas, je l’observe, puis je la laisse se dissoudre quand je lui ai trouvé sa « réponse » (en supposant qu’une pensée ou émotion négative est une réaction à une demande non comblée). C’est ce qui fait que je cherche et ne me gêne pas pour poser des questions, demander des avis extérieurs, pour retenir ce qui fait écho à l’intérieur… Quitte à paraître ignare !

Mais pour moi encore, le risque est plutôt inverse : sortir de ce mécanisme pour me laisser vivre plus entièrement le moment présent ! Cette pratique est presque en continue dans ma tête, je ne peux même rien y faire… Il y a une dizaine d’années c’était chargé de dénigrement, j’ai parfois cru que ça me rendrait dingue ! « Tu te prends trop la tête, Anaïs », qu’on m’a répété mille fois… Maintenant, c’est tout à fait neutre, juste de l’observation, sans jugement… La plupart du temps. Et quand je commence à me juger, une autre « voix » observe celle qui juge. D’où l’idée des « voix dans ma tête »… La limite entre de l’observation et de l’acharnement a pu être très fine, avec les années elle s’est bien élargie. Je continue à apprendre à lâcher prise et à juste Être et Vivre. Que ce processus n’apparaisse que quand c’est vraiment nécessaire : quand un poison apparaît. Mais quand c’est le cas, c’est ce mécanisme qui se lance en moi, jusqu’à ce que j’ai trouvé « the clue » pour m’apaiser ! Car en définitive, ma paix intérieure ne dépend que de moi, alors c’est en moi que je veux y trouver une solution ! Même si je prends appui sur les mots qui me viennent de l’extérieur : nous ne sommes pas séparés, tout vient pour une bonne raison, au bon moment, si on est prêt à entendre, si on reste les oreilles et le cœur ouverts…

Mais cette pratique, aussi essentielle soit-elle, est indissociable de la reconnexion à ce « quelque chose » de plus élevé. Sinon, cela reste du mental qui tourne et tourne et triture. Mais quand on expérimente le sentiment plus élevé dont on parle, les « voix » ne sont pas que « voix », elles sont clarté: un sentiment qui trie ce qui est bon et ce qui est poison… Est ce que je me fais comprendre? Hmmm… J’espère, mais dites moi, ne vous gênez pas!

Qu’est-ce qu’une prière efficace ?

Krishna me dit qu’il n’a qu’à demander et que les choses viennent toutes seules. Je m’enthousiasme comme on tombe d’accord sur ce fait : les gens ont tendance à prier comme on mendie, à supplier pour que ce qu’ils souhaitent arrivent. Mais ils ont tout faux, c’est une pure perte de temps, « that’s foolish », me dit-il. Prier, c’est une connexion dans la gratitude pour ce qui va arriver, on demande ce que l’on veut non pas en le suppliant, mais en remerciant d’avance parce que l’on sait que c’est en train d’arriver, déjà là, c’est en chemin et on en éprouve déjà de la reconnaissance ! La même discussion que l’on avait partagé avec mon frangin Willy, cette conscience du flux de l’Univers sur lequel on se laisse porter, à la faveur des vents émis par nos cœurs. De quoi nous avons besoin aujourd’hui ? L’Univers pourvoit ! Gratitude infinie, l’Univers pourvoit plus encore ! La seule difficulté est de croire à ce mécanisme. Mais une fois que vous l’avez expérimenté, comment ne plus y croire ? Et quand c’est à répétition, que c’est systématique ?

On me dit que j’ai de la chance, je dis que j’ai de la bonne fortune ! Cette bonne fortune, je me la dois, je la dois à l’ouverture du cœur que j’ai décidé d’entamer il y a des années, quand j’ai compris que tout était de ma propre responsabilité ! Le bouddhisme que j’ai pratiqué est clairement pour quelque chose dans l’expérimentation et la compréhension de ce mécanisme, de cette Loi. Et je suis infiniment reconnaissante à l’Univers d’avoir mis cet enseignement sur ma voie, pour me permettre de comprendre ce mécanisme qui, en fait, ne m’était pas inconnu et que j’avais entamé intuitivement plus tôt, mais peut-être moins consciemment. Pratiquer le bouddhisme de Nichiren Daishonin m’a permis de répéter l’expérience un nombre incalculable de fois, jusqu’à ce que je comprenne à quel point il est systématique et que cela devienne un réflexe pour moi de « couler » dans la vie de cette manière…

C’est ce mécanisme, parfois, qui bug quand le doute ou l’impatience gagnent, mais respirer, se recentrer et se reconnecter à travers une phrase, un mantra, un quelque chose qui ranime le sentiment de gratitude et de confiance et Boum ! Ça repart !

D’ailleurs, gratitude infinie pour la rencontre avec Krishna, une sacrée belle personne !

Je vous laisse maintenant avec Gregg Braden, qui bosse sur ces concepts en reliant spiritualité et science. D’abord, une courte petite vidéo sur la prière. Tellement pertinente!!

Cette vidéo est issue d’une conférence hyper longue, mais très intéressante à des tas de points de vue. Je vous la propose donc ici, même si on sort un peu du sujet… Mais pas complètement, évidemment, puisque tout est lié! :

2 réflexions sur « Être religieux ou être spirituel, en pratique? »

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