Archives du mot-clé Innocence

Delhi – Cachemire express, Népal en patience…

Photo prise au Cachemire avec les sœurs de Rafik et Shafik, Suraya et Arafat. Soufflée sur l’instant par Arafat, l’idée entrait en écho avec celle d’Uji, dont il sera question aussi dans l’article suivant. Lui projette cette représentation pour son futur bar… Echos d’un lieu à l’autre, comme un fil conducteur… Intéressant!

« Ne pas voir le Mal, Ne pas entendre le Mal, Ne pas dire le Mal ». Une explication intéressante et plus profonde du sens de ces 3 petits singes ici 

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Y aller et repartir!

Varkala, plages et coin à touriste du Kerala, au Sud de l’Inde. J’expliquais dans l’article précédent* que j’étais venue là pour rencontrer un jeune homme qui s’est lancé dans un projet de communauté, Noël. Pas loin des plages, mais sur un terrain magnifiquement envahi d’une nature verdoyante et vibrante. Il s’agirait de créer une communauté/ferme organique, ce à quoi s’ajouterait l’intuition de replanter des arbres protecteurs de l’écosystème et d’autres jolies idées.

Pour l’instant, il y a Joshy qui vit sur le terrain. Il habite une des petites maisons construites là il y a longtemps, mais laissées en plan depuis des années.

Joshy, c’est un indien du Kerala, un peu à part, un peu « baba-artiste ». C’est lui qui a mis en contact Noël et le propriétaire du Lire la suite Y aller et repartir!

Marginaux, vous m’avez sauvé la vie!

Au cours de ma retraite Vipassana, pendant la méditation du dernier jour, un flash back m’est remonté d’on ne sait où, on ne sait pourquoi… Mon subconscient doit savoir…

J’avais 19 ou 20 ans, je revenais de l’unnif donc je devais avoir 20ans et  je venais d’emménager avec mon copain de l’époque. Je vivais la suite d’une période franchement obscure. J’avais commencé à pratiquer le bouddhisme et j’avais enfin recommencé à sortir la tête de l’eau. Mais beaucoup de chemin me restait encore avant de comprendre à quel point j’étais seule responsable de ma joie intérieure ou de ma mélancolie. Lire la suite Marginaux, vous m’avez sauvé la vie!

Matière à transmutation…

Hier, je découvre qu’Ajit a coupé les ponts avec moi, comme ça, sans dire un mot… Etant loin, notre seul contact se fait via facebook et par hasard, je découvre qu’il n’est plus de mes « amis »… Du coup, je lui envoie un mail pour lui demander s’il y a une raison précise, ce à quoi il répond en me bloquant, purement et simplement… Lire la suite Matière à transmutation…

Contre-temps et nouvelle étape surprise

Bon ben fausse alerte, pas de Vipassana pour moi pour l’instant… De retour à Thamel depuis quelques jours, je vais rendre visite au swami, qui me conseille d’aller à l’hôpital ayurvédique avant la retraite de 10 jours intensifs du Vipassana, pour qu’ils me donnent de quoi nettoyer et guérir la blessure à l’intérieur. Et à l’hôpital, surprise, le doc me prescrit tout un traitement à base de poudres et de gélules, de plantes et de machins, qui devraient permettre ma guérison après…1 mois ! Moi qui pensais que malgré l’inconfort, je pouvais gérer, lui m’interdit l’exercice avant le mois prochain… Très bien, il semble que j’ai encore voulu précipiter les choses, c’est donc encore un petit coup sur le clou du « apprendre à prendre le temps »…

Je n’étais pas seule à l’hôpital, j’étais accompagnée de Saaya. Il a attendu avec moi et a écouté les recommandations du médecin, qui lui a expliqué le traitement que je devais suivre. Ok, je veux bien que tu me l’expliques à moi aussi, monsieur le docteur, mais ça va ç’pas grave… Saaya prend très à cœur les recommandations quant traitement et à la nourriture et plus tard, quand on va manger, il prend toujours l’initiative de commander un truc spécial pour moi, végétarien et sans épices. Mais qui est donc ce nouveau protecteur que la Vie a encore mis sur ma route ? Petit retour en arrière…

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L’innocence

Alors que je suis entrain de voyager, on m’a offert l’œuvre de Clarissa Pinoka Estes: « Femmes qui courent avec les loups ». Certains passages résonnent avec mon cheminement, souvent étrangement en synchronicités. Et s’ils font sens, autant les partager! En voici un premier extrait:

 » « L’ignorance, c’est quand on ne connaît rien et qu’on est attiré par le bien. L’innocence, c’est quand on sait tout et qu’on est toujours attiré par le bien. »

(…)

On parvient à cet état de sagesse innocente en abandonnant tout cynisme, toute autoprotection et en retrouvant l’émerveillement qui est celui de la plupart des êtres humains dans leur très jeune ou très grand âge. Il faut porter sur le monde le regard d’un esprit empli d’amour, d’un esprit connaissant, et non celui d’un chien battu, d’un être pourchassé, d’un humain blessé et furieux.

(…)

Certes, revenir à cet état peut nécessiter qu’on se dégage d’une gangue d’opinions forgées au fil des ans, ce retour effectué, il n’y aura plus désormais à gratter et à creuser pour le retrouver. Revenir à une innocence vigilante n’est pas du domaine de l’effort. Il ne s’agit pas de déplacer des briques d’un endroit à un autre, mais de rester bien tranquille, pour que l’esprit vous trouve. Il est dit que ce que vous cherchez vous cherche aussi, depuis longtemps, et vous trouvera si vous restez tranquille. Quand ce sera fait, ne bougez plus. Attendez calmement de voir ce qui va arriver.

(…)

On utilise souvent le terme « innocent » pour qualifier celui qui ne sait rien, ou simple. Mais d’après sa racine, il signifie exempt de toute blessure, physique ou morale. En espagnol, le mot inocente désigne une personne qui essaie de ne pas faire du mal aux autres, mais est aussi capable de guérir le mal qu’on a pu lui faire.

La inocente est également le nom qu’on donne souvent à une guérisseuse, une curandera, celle qui soigne. Être innocent, c’est se révéler capable de voir exactement ce qui ne va pas et d’y remédier. Être innocent, c’est éviter de faire du mal aux autres, tout en ayant la capacité de soigner les autres et soi-même ».

Clarissa Pinkola Estes, Femmes qui courent avec les loups, p.217-219 Le sommeil et la confiance

L’image vient de ce blog: http://corinnechaufour.blogspot.com/2010/09/les-champs-de-linnocence.html

Angry butterfly

Je plais bien, apparemment. A peine revenue au Shangri-la lodge, j’accroche un gentil Subash qui me flatte en me disant « génie », qui m’appelle papillon (putalii) et qui croit pouvoir m’attraper. Voire potentiellement me garder, sachant qu’un mariage serait tout bon pour ses affaires, histoire de se voir entrer en Belgique…

Après la route intense avec Ajit, le level a été mis trop haut pour qu’il ait une chance de m’atteindre. Est-ce arrogant? Mais le Lire la suite Angry butterfly

Hotels et perditions…

Oh putain, ça chauffe ! Je suis dans la guest house dans laquelle j’ai débarqué avec Laeti quelques jours plus tôt et dans le couloir, une cliente hurle et tape du pied, furax parce qu’elle avait réservé une chambre précise et que le boss semble avoir zappé, sa chambre a été filée à quelqu’un d’autre… Et moi, je culpabilise un peu, en me demandant si c’est pas de la chambre dans laquelle je suis qu’elle parle… 202, elle dit… Oh zut, c’est quoi le numéro de ma chambre?

C’est que je suis revenue dans cet hôtel, après une petite aventure et que l’un des arguments pour me convaincre de rester a été qu’on me baissait le prix, qu’on me mettait dans cette chambre-ci, tellement plus confortable que de là où je viens… J’avais rencontré ce couple de Suisses, au shop de Krishna, mon nouvel ami peut être futur collaborateur, qui mériterait bien une vidéo, au passage, tant il est plein de ressources dans différentes entreprises et soutien à sa communauté, dans son village natale ! A un moment donné de la conversation, le gars du couple me demande à combien je paye la chambre dans laquelle je loge pour l’instant.

– « 800 »

-« That’s a lot ! », qu’il me répond.

Oooké, combien devrait couter une chambre, alors ? Il me dit qu’ils en ont trouvé une à 400, mais que peut être à moins que ça, c’est possible aussi. Le truc, c’est qu’il ne s’agit pas forcément de chambres d’hôtel tout confort, mais en soi, ça ne me pose pas de problèmes a priori, du coup je leur demande s’ils pensent qu’il y a là encore de la place. Un peu plus tard, on va voir sur place si c’est possible, avec la miss du couple.

On discute en marchant et je vois par où on passe, je situe à peu près le chemin. On s’arrête dans l’une de ces rues marchandes de Thamel, le quartier des touristes et elle me montre un panneau pour me dire que c’est le point de repère qu’elle a pris pour retrouver le lieu, parce qu’il n’a pas de nom, pas d’enseigne. On emprunte un passage pour entrer dans la guest house, la porte donne sur des escaliers et à chaque pallier, deux portes, donc deux chambres. Entre chaque pallier se trouve la salle toilette/douche. La collègue voyageuse demande à l’habitant de l’une de ces chambres si le propriétaire est là : oui, il est sur le toit. Escaliers bien haut, sur un mur il y a écrit « Everest » au feutre, je suis bien d’accord ! Arrivées sur le toit, le proprio est assis sur natte, entouré d’un petit groupe de visiteurs ou d’habitants… Elle lui demande donc s’il y a une chambre pour moi et c’est le cas. Apparemment, j’ai de la chance, une japonaise vient à peine de libérer une chambre. Et elle aurait super bien nettoyé derrière elle… Oouh alors là, si une japonaise m’a laissé une chambre ultra clean ! En tout cas, c’est bon, je signe, ils me filent les clés et je lui paie déjà ses 400 roupies. On se pose et on discutaille un peu. Il y a là une jeune allemande et on entame la discussion habituelle sur les pays d’où on vient, l’une ou l’autre banalité sur notre pays, le chocolat, la politique…

La jeune allemande se fait resservir un verre de whisky népalais, elle a l’air bien, détendue, happy. Mais nous il faut qu’on y aille, on avait laissé les amis au shop. On redescend les marches, on ressort de la rue, on avance un peu et je cherche d’autres repères, parce qu’il faudra que je revienne là toute seule et il commence déjà à faire sombre. Or l’obscurité tombe assez vite le soir, surtout dans ces petites ruelles étroites… Je retourne donc à mon hôtel après avoir fixé un rendez-vous potentiel avec la suisse, qui retrouvait des amis pour diner, à 19h.

Arrivée à l’hôtel, dès l’entrée, le jeune boss est posé, avec le jeune réceptionniste et d’autres personnes et il me fait un signe discret pour m’inviter à manger un « sandwich » (cf How I met Your Mother). Je lui répond d’un « pourquoi pas » facial et après avoir échangé quelques mots et sourires avec les gens installés à l’accueil, je monte dans ma chambre, suivie bientôt de jeune boss. Je lui dis que je suis venue faire mes bagages parce que j’ai trouvé une chambre pour 400 roupies. Et il va alors commencer à argumenter pour que je reste : on a encore des choses à se raconter, il m’aime bien, il va descendre le prix… Je lui dis que j’ai déjà payé de l’autre coté et qu’alors, je vais aller y passer la nuit. Il me dit que ce n’est rien, qu’il me rembourse ma nuit et que je n’ai qu’à rester ici ! Il descend encore le prix de la chambre, me dit qu’il me change de chambre, me fera payer 500 roupies et me remboursera 100 roupies pour chaque nuit. Je ne peux pas m’empêcher de rire, tant il est tenace dans ses arguments ! Mais j’ai pris ma décision, je tiens ma parole. Mais je lui promets de revenir, c’est certain, vu tout ce qu’on a encore à parler.

Je vais finir par lui proposer de laisser mon gros sac ici, de prendre juste le nécessaire pour passer la nuit là-bas et de voir ce que vaut la chambre et de revenir si jamais ça craint. On convient de ça, je fais donc mes bagages et pendant ce temps-là, il va chercher de quoi fumer « se faire un sandwich ». Maintenant seule, je rassemble mes affaires, quand on frappe encore à la porte. C’est le « social worker » de Pokhara, qui vient voir si je veux sortir manger avec lui pour discuter du projet. Je lui dis que là, je suis pressée parce que je fais mes bagages pour une autre chambre. Et le voilà qui, lui aussi, se met à argumenter pour que je reste ! Il n’a pourtant pas de parts dans cet hôtel, si ?… Encore un qui me fait rire avec ses arguments ! Mais j’ai pris ma décision, cela dit, j’entends bien ses arguments. Lui aussi est prêt à me rembourser les 400 roupies déjà payés –ils se sont passé le mot ou quoi ? Mais c’est décidé, je laisserai mes affaires en bas, pendant que je vais voir comment ça se passe de l’autre côté…

Après avoir partagé le sandwich du jeune patron, vidé et rempli d’un mélange amélioré, c’est parti pour prendre mes affaires et les descendre. Une fois en bas, le « social worker » est en compagnie du grand frère de jeune patron, appelons le « premier boss » et tous les deux me proposent de sortir avec moi, pour voir où se trouve l’hôtel et s’il est fiable. Je sors donc, entourée, comme ils disent, de mes deux gardes du corps.

On avance dans la direction d’où j’étais venue, dont je me souviens bien. Une fois arrivée à mon premier point de repère, je cherche le suivant, que je trouve facilement, suivi du troisième. Mais soudain, le trou de mémoire : à partir de là, quoi ? Je me souviens parfaitement de cette zone, je sais que je suis au bon endroit, mais ensuite, c’était quoi ? Je me souviens d’une porte, d’une grille devant cette porte et je me souviens d’une petite cour, barrée elle aussi par une porte-grillage. Mais le pas suivant, à partir de la zone où on se trouve désormais, impossible à m’en rappeler ! Bon attendez, je sais que c’était ici. Ah, le coin là, il me dit quelque chose… Peut être par là ? Euh, ça n’a pas l’air, ça débouche sur une autre rue et ça c’est impossible… Attendez, on revient en arrière. Peut être est ce juste un peu plus loin ! Je suis sure que si je le vois, ça va me faire tilt ! Ok, là on va bien trop loin, je n’ai jamais vu ce coin… « Quel est le nom de l’hotel ? », qu’ils me demandent… Ben justement, il n’en a pas. C’est une guest house, en mode immeuble privé, je ne sais pas… « Ah, ça va être difficile à trouver alors ! »… Ben ui, c’est bien ça le souci… L’autre souci, c’est qu’ils m’ont déjà filé la clé de ma chambre et donc, je suis obligée de trouver, sinon c’est eux qui ne pourront plus ouvrir leur propre chambre ! Situation qui nous fait encore bien rire ! On tourne, on revient sur nos pas plusieurs fois…

Je commence à me sentir gênée pour eux  et je leur dit que ça ira, je finirai bien par trouver, je ne veux pas leur faire perdre leur temps, qu’ils aillent manger seulement ! Ils acceptent d’y aller et seule, je me concentre : c’est quoi c’t’enroule ?! Après avoir encore tourné plusieurs fois en vain, avoir demandé à des habitants si ils connaissent une guest house dans les environs, à chaque porte avec une grille, m’être fait indiqué des chemins en perdition, qui n’avaient rien à voir, je décide d’aller retrouver Krishna. Peut-être aura t-il un moyen de contacter les suisses, pour qu’ils viennent m’aider ! Une fois là bas, je lui explique mon souci en riant, on en rit ensemble et il se propose de venir voir avec moi. Je ne crois pas que ça change quoique ce soit, à moins qu’il demande en népali aux habitants… En tout cas, non, il ne peut pas m’aider avec les suisses. Une fois arrivée à la rue que je reconnais maintenant presque easy, à peine engagée dans cette rue que je tombe sur la jeune fille allemande qui était sur le toit de la guest house ! OUIII nous sommes sauvés ! Elle, elle saura comment y retourner ! Elle est un peu éméchée, joyeuse, mais elle semble savoir où c’est… Pendant les premiers mètres ! Parce que l’on passe les points de repères que je connaissais et comme moi juste un peu plus tôt, on va beaucoup trop loin, là où ce n’est plus possible… Et voilà que tout devient confus pour elle aussi… Elle ne sait plus non plus ! Impossible de trouver ! Un nouvel indice, cependant, il s’agit d’un petit passage, à partir de la rue marchande, qui donne sur la cour. Voilà dans quel ordre il faut chercher…

Au bout d’un aller et d’un retour, je laisse Krishna retourner à ses affaires, on se débrouillera entre fille sans mémoire ! Je finis par lui demander si elle n’a pas le numéro de quelqu’un de là bas, et elle a un éclair de lucidité : oui, elle a le phone d’un gars qui était sur le toit aussi ! Elle demande à quelqu’un dans la rue s’il est possible de téléphoner à cette personne pour que nous puissions retrouver notre chemin, l’homme accepte sans hésiter ! Le gars à l’autre bout du fil ne comprend presque rien quand je lui parle, alors je demande à celui qui nous prête son gsm s’il peut lui expliquer en népali, ce qu’il fait naturellement. Et tout aussi simplement, il nous emmène à l’endroit que le gars du toit lui indique, pour le retrouver lui. Gratitude infinie pour toutes ces personnes prêtes à aider ! Et voilà le gars du toit, qui nous montre enfin où c’était : putain, on est passés dix fois devant ! Une toute petite entrée, entre deux shops !

Le petit gars du toit, qui est en fait un employé de cette guest house (employé, si je puis dire… il vit là et c’est l’une des personnes à qui on se réfère pour les affaires de la guest), m’emmène à ma chambre et me montre dix fois comment éteindre et allumer la lumière, en cas de panne ou pas. Le gars est lui aussi un peu éméché, il partageait les whiskys sur le toit, un peu plus tôt et il a une haleine à découper au couteau ! Il me montre les toilettes douche, où il n’y a souvent pas d’eau chaude. Il fait vachement froid dans la chambre, il y a un bruit de dingue dehors, pour cause de fête chez les voisins, la fenêtre ne ferme pas vraiment, le lit est dur, les couvertures sont de type ultra poussiéreuses et l’internet est franchement défectueux ! J’ai soudain une pulsion de « putain, j’retourne de l’autre côté ! Les matelas sont énormes et supra confort, avec des couvertures toute aussi supra confort, le tout pour maintenant 100 roupies de plus, c’est-à-dire moins d’1euro ! Damn, ‘vais pas me la faire à la « j’assume l’inconfort juste pour le kiff » ! Et donc, c’est reparti, je rassemble mes affaires pas vraiment déballées et je retourne par la route que je connais maintenant parfaitement !

De retour à la guest house, je suis accueillie par le large sourire du jeune de l’accueil. Quand j’avais décidé de partir pour l’autre chambre, la nuit tombait et il n’arrêtait pas de me dire de rester, que c’était plus sûr ici, de ne pas sortir la nuit. Du coup, je l’ai rebaptisé « mon petit papa ». Je me pose près de lui et on discutaille. Je lui dis que je reviens et il m’en félicite en me prenant les mains et en baragouinant je ne sais pas trop quoi, mais joyeusement. J’ai la dalle et je me dis que le « social worker » aura peut-être encore envie d’aller manger. Du coup, je laisse mon petit père pour aller frapper à la porte du social worker. Il m’ouvre et je constate qu’il s’était déjà mis à l’aise, du coup je lui dis que ce n’est pas grave, tant pis, mais comme il est censé repartir pour Pokhara le lendemain, il me fait comprendre que c’est mieux maintenant, car demain il n’aura plus le temps. Je m’excuse de toute cette perte de temps, il m’invite à entrer dans sa chambre le temps qu’il se rhabille et qu’on sorte manger. Dans sa chambre, un lit deux places et un autre une place, sur lequel sont posées toutes ses affaires, compartimentées. Il se rhabille pendant qu’on discute… Et on sort manger ! Sauf qu’à cette heure-ci, les restos semblent quasi tous fermés. Et lui s’entête à absolument aller dans un resto chinois, alors qu’on dépasse plusieurs autres types de restos. Bon tant pis, je lui dois bien ça, après l’attente et le fait que je le fasse ressortir à cette heure-là…

Après le resto et quelques discussions plus tard, on rentre à l’hôtel. Et là, à l’accueil, petit père va proposer l’idée que je reste dans la chambre du social worker, chose à laquelle il adhère et m’assure qu’il n’y a pas de problèmes, pour m’éviter de payer une chambre cette nuit. Je suis mal à l’aise à cette idée, payer une chambre n’est pas un souci, c’est moi qui ai décidé de revenir. Mais ils insistent tellement, petit père, tellement sincère avec ses grands yeux et son enthousiasme, à argumenter en disant que c’est dommage de rater cette occasion, que je finis par accepter l’idée qu’il n’y a –potentiellement- rien de mauvais dans cette idée. On monte dans la chambre et petit père me dit que « son patron » dormira dans le petit lit et moi dans le grand, ce qui me met encore plus mal à l’aise ! Le social worker va prendre une douche et pendant ce temps, petit père me répète inlassablement « c’est un business man ! C’est un business man ! C’est un business man ! », ce à quoi je demande sans faillir non plus « et alors ? Et alors ? Et alors ? »… Il fini par me dire « tu as de la chance ! », ce qui fini par me faire tilt : est-ce que le fait qu’il soit un business man lui donne un statut particulièrement respectable et fait que je doive accepter ses faveurs et d’être prise en charge ? Bon, ça me semble hyper louche, mais ma nature curieuse prend le dessus, on verra comment ça se passe…

Ok, je vous entend encore me traiter de naïve… Disons plutôt que j’ai été innocente ! Je vous tape bientôt un article sur ce terme, selon la vision qui sonne si juste en moi de Clarissa Pinkola Estés…

Je demande au social worker s’il peut bouger ses affaires du petit lit et il met une plombe à réagir. Je sens que l’entourloupe commence. C’est un personnage doux, d’où le fait que le danger n’ai pas été perceptible aussi clairement qu’avec quelqu’un qui aurait des intentions bien marquées, mais je sens qu’il me la fait à l’envers. Il semble vouloir que je vienne dans le grand lit avec lui. Je lui redemande jusqu’à ce qu’il s’active et m’installe dans le petit lit. On éteint les lumières et je prononce le « Bonne nuit » tant attendu. Au bout de 5 minutes, il se remet à parler, pour ne rien dire, il tourne autour du pot. Je l’interrompt

– Bon, qu’est-ce que tu veux ?

– Tu veux me rejoindre dans mon lit ?

– C’est absolument hors de question. Je suis venue dans cette chambre parce que tu m’as invitée à ne pas payer une autre, rien de plus. Bonne nuit.

Il n’a pas l’air de vouloir comprendre et recommence à me solliciter. Et là, je sens un bouillonnement monter d’un coup :

– NON ! ET SI JAMAIS TU ME REPOSES CETTE QUESTION, JE SORS CHERCHER UNE AUTRE CHAMBRE AILLEURS SUR LE CHAMPS !

Tout ça pour ne pas payer une nuit et par excès de confiance… Alors je sais ce que je devais faire attention, tout ça, mais bon, c’est une question de contexte et de ressenti. Le gars ne semblait pas mauvais ! Et à vrai dire, après m’être énervée, il s’est excusé, s’est retourné et s’est mis à ronfler au bout de 5 minutes… Pendant que moi, je sentais la colère monter. J’ai tenté les mots et les explications posées, j’ai dû en venir à un NON qui vient du ventre, quasiment à la colère, en tout cas sec comme ce genre de situation l’exige. J’en ai fait des rêves tout aussi chelou, de mafieux qui me poursuivaient, mafieux, représentation de machisme et d’oppression par excellence, qui retenaient mon amie-sista louve Mayu, psychologiquement insoumise, mais bien physiquement, puisqu’obligée de travailler pour eux et de rester à cette place, quitte à être éliminée ! Un rêve clair sur le « chocking » de mon subconscient, quoi…

Il m’a mise en colère, pas tellement à cause de sa tentative de chopper une jeunette, qui était plutôt pathétique, mais plutôt à cause de son hypocrisie et du fait que, si business man signifie autorité, à quelle autre petite il a dû jouer ce plan et qui n’aura pas su dire non ? J’ai ressenti de la colère pour toutes les filles/femmes qui n’ont pas su dire non à des mâles se croyant dans leur droit de réclamer de la chair fraiche, sans le moindre intérêt pour le fait que elles n’aient surement aucun désir envers eux, mais que coincées dans une situation en leur défaveur, elles n’oseraient pas se risquer à empirer encore leur situation… Surtout si l’homme est agressif! Bon ici, en l’occurrence, ce n’était pas le cas (ça je l’aurais senti direct), bien que ce genre de réaction soit une sorte d’agression quand même!

Laissant aller ma colère, je me suis surprise à « paranoïer » sur petit père, en me disant qu’ils étaient peut être de mèche et qu’il m’avait peut être envoyée comme amusement pour le vieux, alors que j’étais dans cette situation confuse !

Mais j’ai décidé de respirer, de lâcher prise sur cette colère et il m’est soudain apparu clairement que personne n’est tout blanc ou tout noir et que ce gars n’est réellement pas un mauvais bougre, juste un homme de cette époque, qui fait ce qu’il peut pour aider, d’un côté, mais qui a une vision déformée des relations hommes-femmes, comme la majorité des individus de cette planète, baignés dans l’illusion de Maya… C’est d’un triste, mais c’est là où nous en sommes et c’était peut être une manière (pas trop violente) de ma le rappeler.

Le lendemain, je parle de cette aventure à mon petit père et il ne semble pas comprendre : il croit que je râle parce que j’ai dormi dans le petit lit plutôt que dans le grand lit et je lui fais comprendre que non, je râle parce que le vieux a voulu que je dorme avec lui. Il bug un moment, comme si ce n’était pas possible… Il est décidément trop mignon, cet enfant ! J’ai été innocente, quand petit papa a été ignorant… (cf article sur l’innocence)

Il me file la clé de ma nouvelle chambre, tellement infiniment plus confort ! Un de ces matelas de luxe, par rapport à l’autre coté (étai-ce un matelas d’ailleurs ? Une planche en bois non ? Ok, j’exagère peut être…). On m’y installe en me disant que normalement elle a été réservée, mais que c’est ok, on va s’arranger. Alors cette chinoise qui hurle, là dehors, j’espère que c’est pas pour cette chambre-ci. Il semble que non !

En tout cas, rien de méchant, mais expérience pleine d’enseignements. Bon après, ce serait bien que j’arrête de vouloir observer jusqu’où les gens sont prêts à aller en perdition et à ne pas tenter le diable…

… Je dois apprendre à ne pas avoir peur de vexer les gens, pour ne pas me perdre moi-même…